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Depuis plus de quarante ans, Tishan Hsu (*1951, Boston, vit et travaille à New York) articule dans son travail la rencontre du corps et de son environnement technologique. Sculptures, peintures en relief, sérigraphies, dessins ou, plus récemment, vidéos, sondent les implications cognitives, physiques et sociales de la confrontation quotidienne des objets technologiques et des individus. L’exposition que le MAMCO lui consacre au printemps 2024  rassemble des œuvres issues des différentes étapes de sa carrière, depuis ses débuts dans les années 1980 jusqu’à nos jours. Imaginée en discussion avec l’artiste, elle est également le fruit d’une collaboration avec la Secession de Vienne, où est organisée, en fin 2023, une exposition de nouvelles productions de Hsu, dont une partie voyage au MAMCO.

Tishan Hsu accomplit des études d’architecture au MIT de Boston avant de déménager à New York en 1979, où il se consacre à l’art. De nuit, Hsu travaille à temps partiel comme « word processor » dans un bureau d’avocat sur Wall Street, où il utilise les premiers logiciels de traitement de texte à l’écran. Il y fait l’expérience quotidienne de la confrontation du corps face à l’ordinateur, une impression qu’il essaie de retransmettre visuellement durant son temps libre. La diversité des matériaux qu’il emploie alors (bois, ciment, carreaux en céramique, polystyrène, résine, caoutchouc) est constituante de son vocabulaire esthétique : elle donne un effet de réalité troublante à la notion d’interface (la peau, la membrane, l’écran) par laquelle se partagent – ou se nouent – l’information et le sensible. 

Hsu est alors l’un des rares artistes à penser l’hybridation de la machine et de l’organisme. Ses œuvres semblent incarnées, recouvertes de peau, incisées de détails architecturaux (hublots, grilles d’aération, bondes d’écoulement). Cette sensualité blessée laisse suggérer qu’une métamorphose est en cours. Habités par cette potentialité, ces objets transmettent une forme de menace : quelque chose pourrait en surgir, ou est appelé à y évoluer. 

Dès les années 1990, Hsu se tourne vers l’enseignement et travaille en retrait du marché. Il utilise alors à la sérigraphie sur toile puis, au tournant du millénaire, Hsu enregistre l’arrivée de l’ère digitale en s’emparant du logiciel Photoshop. Les techniques artisanales auxquelles il s’était adonné jusque-là laissent place à un travail à l’écran, à la production d’impressions digitales sur toile de grand format à partir d’images numériques et à l’utilisation du silicone. Tandis que le digital devient l’extension des corps du 21e siècle, la présence de la machine se fait plus diffuse dans l’iconographie de l’artiste : la peau et l’écran fusionnent et s’hybrident, s’interpénètrent et finalement, font corps.

  • Organisée par Lionel Bovier et Elisabeth Jobin, en collaboration avec la Secession, Vienne
  • Avec le soutien de la Fondation du Groupe Pictet
LE MAMCO TIENT À REMERCIER SES PARTENAIRES
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