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Dès ses premières œuvres, à la fin des années 1980, Fabrice Gygi (né à Genève en 1965) s’efforce de mettre au jour des mécanismes autoritaires inscrits dans notre environnement quotidien. « Ce qui m’intéresse, explique-t-il en 1997, c’est de pointer l’autorité sous ses aspects les plus communs et les plus pervers : figure héroïque et civile du pompier, micro-sociétés comme les chorales, les fanfares ou autres associations populaires reproduisant une organisation de milice, etc. Je tente toujours de montrer l’autorité comme elle apparaît dans la réalité, c’est-à-dire de façon “naturalisée”. » 

En reconstruisant des espaces ou des dispositifs qui permettent d’organiser une manifestation publique (officielle, sportive ou festive), Fabrice Gygi montre qu’il s’agit toujours de formes de représentation autoritaires et spectaculaires. Ce que l’artiste met ainsi en évidence, c’est que, pour être l’opérateur aliénant que décrit Guy Debord, le spectacle doit posséder des structures de contrainte. Un podium permet, par exemple, de situer hiérarchiquement les protagonistes, de la même façon qu’un bar distribue les rôles sociaux, que des barrières définissent les limites autorisées de déploiement de la manifestation ou qu’un local de vote programme les comportements de ses usagers.

L’artiste, plutôt que d’appeler à l’action directe, organise la subversion en s’appropriant les instruments même de l’ordre. Mais, contrairement à Cady Noland et une génération d’artistes le précédant, il prend en charge la construction de chaque élément. Et si les œuvres conservent toute l’ambiguïté de fonctionnement de leur référent, l’artiste suggère généralement leur possible détournement. Ainsi, les chisteras de la pelote basque peuvent devenir des armes de trait et des gonflables (censés amortir les chocs) ou des agrès prendre l’aspect d’une menace.

On peut penser ici à Gordon Matta-Clark lorsque, invité à une exposition d’architecture (Idea as Model, New York Institute for Architecture, 1970), il fit exploser par des coups de feu tous les vitrages du lieu pour présenter dans ces béances des photographies d’immeubles du South Bronx, eux aussi vandalisés par leurs locataires en signe de protestation contre leurs conditions de logement déplorables. Et on peut lire dans cette violence qui fait soudainement irruption dans l’institution ce qui permet à celle-ci de se reconnecter à une réalité sociale. 

  • L’exposition, organisée par Lionel Bovier, est construite à partir d’œuvres de la collection du MAMCO et de dons récents
  • Avec le généreux concours de la galerie Chantal Crousel, Paris
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