Neige de Printemps
Les murs extérieurs étaient recouverts d’un crépi blanc pailleté qui plongeait l’exposition dans une fiction architecturale et météorologique. Neige de Printemps était un nid de métaphores, inspiré autant par la banquise, le penthouse, le village, voire le frigo. Savary (1981, Granges-Marnand) avait transformé le parcours du quatrième étage en une expédition polaire où défilaient des peuplades endémiques ; ou en un carnaval mondain sur un toit-terrasse, extravagant mais courtois, surpris par un frimas inattendu. Des masques-baleines en bois, des dessins de Hokusai en cerceaux métalliques, une sculpture primitive en bousillé, des valises de frégates miniatures en cuir, furent autant d’occasions pour l’artiste de collaborer avec différents corps de métiers : serruriers, menuisiers, tanneurs, souffleurs de verre, couturiers… La forme est ainsi devenue l’objet d’un dialogue mettant en jeu différents savoir-faire et, au fil de sa réalisation, l’œuvre se chargeait de différentes histoires. Ensemble, ces pièces – en grande partie réalisées spécialement pour l’exposition – constituaient ce qu’en termes culinaires on appellerait une « farce », une manière de remplir jusqu’à saturation une figure pour en révéler des saveurs inattendues.