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Le psychiatre et psychanalyste français Jacques Lacan (1901-1981) a fortement marqué le milieu intellectuel des années 1950-1970. Lacan opère une relecture du travail de Freud, il remet sur le devant de la scène les théories du psychanalyste autrichien qui avaient entretemps été un peu délaissées. Dans les années 1950, Lacan commence ses fameux séminaires. Ses conférences vont parfois jusqu’à réunir plus de mille auditeurs. Le public est bigarré, il vient de tout bord, bien au-delà des étudiants et des psychanalystes. On y croisera des artistes, des philosophes, des écrivains, des cinéastes. Les séminaires s'étaleront sur une trentaine d’années.

Pour Lacan, ainsi que Freud avant lui, l’artiste ouvre très souvent la voie au psychanalyste. Lacan sera très proche de l’art et des artistes, en particulier des Surréalistes ; eux-mêmes sont fascinés par les travaux de Freud sur l’inconscient

Dès 1953, Lacan commence sa période topologique. Dans les années 1970, il s’entoure de mathématiciens, dont Jean-Michel Vappereau auquel il confie les dessins montrés dans l’exposition. Lacan travaille tout particulièrement le nœud borroméen. Cette forme topologique est constituée de trois cercles qui sont enlacés les uns dans les autres de manière à ce que si l’un d'entre eux s’ouvre et se détache, toutes les parties de la structure se désolidarisent. Pour Lacan, le nœud borroméen réunit les trois registres de l'expérience analytique – Imaginaire, Symbolique et Réel (RSI) –, dans une structure qui lui permet, selon Michel Bousseyroux, de « rendre compte du mystère du corps parlant, c’est à dire de l’inconscient réel ». Pour expliquer ce qu’est le nœud borroméen on a l’habitude de dire que tant qu’il tient ensemble le sujet n’est pas fou. Si les parties se séparent, le sujet est dans l’incapacité de distinguer ce qui est de l’ordre du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique. C’est en se référant à nouveau à un artiste, en l’occurrence à l’écrivain James Joyce, que Lacan ajoutera un quatrième cercle au nœud borroméen : le sinthome (ancienne graphie pour le mot symptôme). Selon le psychanalyste, les parties du nœud borroméen de Joyce sont désolidarisées, son travail d’écrivain, en tant que sinthome, les maintient malgré tout ensemble. 

Pour Lacan le nœud borroméen « a affaire à l'écriture », celle-ci induit une lecture, un déchiffrement, le tout s’inscrivant dans une temporalité. Les artistes visuels ont toujours été fascinés par cette pratique du dessin qui lie logique, mathématique et psychanalyse. Sur les feuillets, que Lacan nous a laissés, nous pouvons suivre les traits, les lignes, les courbes, les entrelacs, parfois repris, parfois interrompus. La pensée tente ici de trouver forme à l’aide de la participation du corps, par un geste qui poursuit un désir, tel qu’aurait pu le formuler le psychanalyste français

  • Exposition organisée par Martin Widmer
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