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Fontaine, soupirail et réverbère sont quelques-unes des formes que déploie, depuis trois ans, Lou Masduraud (*1990) – et autant de motifs qui relèvent l’espace public. En indexant ces aménagements au sein d’une exposition, l’artiste entend d’abord hybrider l’espace mis à sa disposition, le requalifier comme un croisement entre la sphère publique et privée, entre extérieur et intérieur. 

Il y a deux ans, invitée à la Maison Populaire (lieu de diffusion artistique, mais aussi de loisirs, créé par la mairie de Montreuil en 1966, peu de temps après les maisons de la culture d’André Malraux), elle met en place un atelier participatif de céramique au sein duquel les habitants peuvent repenser le paysage institutionnel de leur ville (école, mairie, tribunal, bibliothèque, conservatoire de musique, hôpital et commissariat de police). Autour de ces maquettes, une série de soupiraux étaient disposés comme autant d’espaces illusionnistes, à la manière de dioramas et intitulés Plans d’évasion

Avant d’offrir ces points de fuite, Lou Masduraud avait conçu une sculpture anthropomorphique reliant les espaces publics et administratifs de la Villa Vassilieff et, lors d’une résidence à l’Institut Suisse de Rome, elle s’était penchée sur les fontaines de Mussolini. A l’issue de son enquête elle dessine une carte de ces édifices hydrauliques, accompagnée d’un bouchon en latex, tel un accessoire fétiche, destiné à obstruer les monuments de l’ancienne capitale fasciste… Plus récemment, elle orne ses fontaines rocailles de bouches anthropomorphiques ornées de strass et zircons (Muzeum Susch, 2023). 

Si les œuvres de Lou Masduraud évoquent tour à tour des édifices et des sculptures, jouent sur la fonction et l’ornement, c’est que l’artiste dessine une œuvre en forme de continuum entre espace social et intime. C’est aussi qu’elle s’intéresse aux espaces qui échappent à la norme, soit par déviation, échappée ou, au contraire, durcissement des règles, à ces « hétérotopies » que décrivait Michel Foucault dans son analyse des mécanismes de surveillance et de contrôle.

Le Prix Culturel Manor est décerné tous les deux ans dans douze villes en Suisse. Pour l’attribution du Prix 2023, le jury était constitué de Lionel Bovier (Directeur, MAMCO), Paul Bernard (Conservateur, MAMCO), Julien Fronsacq (Conservateur en chef, MAMCO), de deux représentants du groupe Manor , Chantal Prod’hom (Directrice du MUDAC, Lausanne) et Pierre-André Maus (Administrateur de Maus Frères SA), ainsi que de trois experts externes : Mai-Thu Perret (artiste), Gina Proenza (artiste et codirectrice de Forde Genève) et Mohamed Almusibli (artiste et co-directeur de Cherish Genève).

  • Exposition organisée par Julien Fronsacq
  • Lou Masduraud est la lauréate genevoise du Prix Culturel Manor 2023
LE MAMCO TIENT À REMERCIER SES PARTENAIRES
FONDATION MAMCOÉtat de GenèveVille de GenèveJTIFondation LeenaardsFondation genevoise de bienfaisance Valeria Rossi di Montelera
ghfk