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« Le grand âge du monde recommence, la terre fait comme un serpent qui se renouvelle ; alors que le Ciel sourit et que l'Eternité brille comme les épaves d'un mort qui dissout le rêve ». [The world’s great age begins anew, The earth doth like a snake renew; While Heaven smiles and Aeons gleam like wrecks of a death dissolving dream].
    C’est avec ces quelques mots empruntés au poète Shelley que Jo Baer (*1929) intitule l’une de ses œuvres de 2018. Cet éloge de la vitalité cyclique résonne parfaitement avec une œuvre foisonnante et riche en ruptures. Au terme de ses études, en moins de dix ans, son œuvre bénéficie de l’intérêt de ses pairs et des musées. Au milieu des années 1960, Baer est invitée à d’importantes expositions minimalistes et conceptuelles. Dan Flavin la présente aux côtés de Judd, LeWitt, Ryman et Stella, Lawrence Alloway l’associe à Systemic Painting au Guggenheim et Mel Bochner à Working Drawings and Other Visible Things on Paper Not Necessarily Meant to be Viewed as Art. En 1975, elle conçoit une rétrospective au Whitney Museum of American Art de New York.

Dans une discussion avec Robert Smithson, elle se qualifiait de formaliste paradoxale. Si elle appartient à un modernisme qui a imposé le principe d’une peinture abstraite, elle l’a déduit de motifs et d’objets dotés d’une dimension vernaculaire qu’elle n’a jamais quittée. Plane et optique sa peinture respecte l’orthodoxie mais invite le spectateur à une expérience physique, spatialisée et kinesthésique. La peinture alors ne saurait se contenter d’une photographie frontale qui risque de ne pas saisir la matérialité du tableau. Son exploration des limites et des bords de la toile la conduit à la célèbre série des Radiator Paintings, tableaux-objets peints dont le chant, l’épaisseur du châssis, sont peints et qui sont accrochés au ras du sol.

A l’issue de sa rétrospective au Whitney Jo Baer décide pourtant de quitter la scène new-yorkaise pour s’installer dans un manoir irlandais avant de déclarer qu’elle n’est plus une « artiste abstraite ». L’exposition au MAMCO était l’occasion d’apprécier des œuvres produites durant deux décennies, de la mise en place à la mise à mal d’un vocabulaire abstrait, et de saisir la cohérence d’une recherche qui ne saurait être réduite aux étiquettes artistiques.

  • Organisée par Julien Fronsacq
  • Avec le soutien de PACE Gallery
LE MAMCO TIENT À REMERCIER SES PARTENAIRES
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