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Yoon-ja Choi et Paul Devautour cessent toute production artistique personnelle en 1985. Devenus opérateurs en art, ils s’occupent ensemble de la promotion des artistes qu’ils « représentent » et consacrent une grande partie de leur temps au développement et à la gestion de leur « collection ». Ils déplacent ainsi leurs activités de la production d’objets artistiques à celui de leur repérage, de leur collecte et de leur mise en scène. Devenus collectionneurs, le couple développe une « méta-œuvre », entre fiction et réalité, occupant les postes clés de la stratégie de l’art en devenant, tour à tour, historiens d’art, critiques, commissaires d’exposition et agent d’artistes. 

Parmi les artistes qu’ils collectionnent, figurent de curieux patronymes : Richard Allibert, Buchal et Clavel, J. Duplo, Kit Rangeta, Lady Pénélope ; d’autres aux consonances plus familières : Cercle Ramo Nash, Manuel Ismora, Claude Lantier, Alexandre Lenoir, Martin Tupper, David Vincent ; d’autres, encore, aux résonances internationales : Art Keller, Richard Kongrosian, Vladimir Kutusov, Gladys Clover.

Ces artistes, tous fictifs, sont des hétéronymes de Yoon-ja Choi et Paul Devautour. Par leur entremise, il s’agit d’établir un diagnostic du monde de l’art de l’époque, un art qui donne une grande importance au contexte (Alexandre Lenoir), souvent accompagné par un discours théorique vide (Claude Lantier) et où les stratégies d’expositions remplacent volontiers les questions esthétiques (Buchal et Clavel). 

Cette démarche mêle si étroitement la fiction et le réel que l’on ne sait plus à quel niveau d’analyse on évolue. Les artistes sont fictifs, mais leurs œuvres réelles, de même qu’est réelle cette collection de collectionneurs fictifs. Bien que troublante, cette démarche n’est pas absolument singulière, comme en attestent les hétéronymes de Borges et Pessoa dans le champ littéraire.

Exposées depuis 1994 au MAMCO, entrées dans les collections du musée par donation en 2019, les œuvres réunies sous le label Collection Yoon-ja & Paul Devautour esquissent donc une cartographie des usages de l’art, de la rencontre des collectionneurs, en 1985, à leur séparation en 2004. 


  • Organisée par Sophie Costes
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