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Franz Erhard Walther, né à Fulda (Allemagne) en 1939, développe depuis les années 1950 un travail qui questionne le rôle du spectateur dans l’appréhension de l’œuvre de même que le statut de cette dernière. Créateur du fameux 1-Werksatz (Ensemble d’œuvres no 1) qui se compose de 58 objets à activer, il a fait de la participation du public un des éléments moteurs de son art. 

Fünf Nesselüberklebte Holzplatten. Unmassformen (1963), une œuvre murale en cinq parties, est contemporaine de la naissance du Werksatz (1963-1969), époque pendant laquelle Walther est encore étudiant à la Kunstakademie de Düsseldorf. On y retrouve un choix matériologique essentiel pour lui, celui du tissu qui recouvre les cinq panneaux et qui sera, dès 1963, la matière même de tous les objets de l’Ensemble d’œuvres no 1. Avec cette nouvelle matière pour le tableau et pour la sculpture, l’artiste fait un pas de côté par rapport à la matériologie classique qui implique aussi un changement de procédure : c’est la couture qui va désormais devenir sa technique exclusive de production. 

Fünf Nesselüberklebte Holzplatten. Unmassformen s’accroche au mur selon une amplitude variable. Si elle participe encore du domaine pictural à cause de son rapport à la cimaise, cette œuvre traversée par le vide en fait cependant le deuil au moins sur deux plans : celui de l’image, celui de l’intégralité du tableau dont ne nous sont proposés que des manques ou des fragments, des restes. Ce deuil pictural est aussi graphique, la pratique du dessin étant fondatrice chez Walther : les trois rubans de tissu qui tombent du mur et qui constituent Drei Bänder (1963), sont des lignes en dehors de la page qui intègrent dans leur identité la conversion matérielle de l’artiste, fondamentale pour lui. Et qui, tout comme les cinq panneaux muraux, incarnent un proto minimalisme.

Plus récent, Skulptur und Bild nicht zu trennen (1986) est un dispositif mural qui avance vers le spectateur. A la différence des deux pièces de 1963, la couleur, élément important du travail de Walther, y est fortement présente, son choix étant toujours effectué avec soin par lui. Ni tableau à proprement parler, ni sculpture au sens strict du terme, ce dispositif vertical, qui fait écho à la stature humaine, peut intégrer à lui l’artiste. Ce dernier peut l’activer au moins de deux façons : en étant debout dans une des deux alvéoles, en revêtant la veste en coton accrochée sur un des panneaux de droite. Il porte alors la couleur avec lui et se transforme en un élément de l’œuvre. Son action (Handlung), qui ne tient ici ni de la stricte performance ni du happening, lui permet d’étendre le sens et la portée du dispositif en faisant du corps un lieu et un outil pour l’œuvre. Par là, Walther renouvelle en profondeur le cadre de l’art et anticipe grandement, cela dès 1963, des pratiques relationnelles qui occuperont le devant de la scène artistique bien des décennies plus tard.  

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