Julije Knifer, né en Croatie en 1924, s’est établi en France au début des années 1990, d’abord à Sète, puis à Paris, où il décède en 2004. Il a étudié de 1950 à 1956 à l’Académie des Beaux-Arts de Zagreb, où il découvre l’abstraction, notamment à travers le Suprématisme russe. Le travail que Knifer développe depuis cette époque est souvent associé à une forme d’art « concret », dont l’après-guerre européenne connaît de nombreuses variantes, qu’il s’agisse par exemple du Groupe Zéro ou de François Morellet.
Julije Knifer participe, entre 1959 et 1966, à Gorgona, un regroupement informel d’artistes, poètes et critiques, qui refusent tout programme et cherchent à démystifier l’expérience esthétique. Dans leur projet, le statut matériel de l’œuvre est moins important que l’idée et la pratique artistique ne peut être séparée de la vie. La revue Gorgona, publiée jusqu’en 1966 servait à diffuser ces positions dans l’ex-Yougoslavie et l’Europe de l’Est en général.
A partir de 1960, les œuvres de Julije Knifer se concentrent sur une forme qui alimentera désormais tout son travail : les méandres. Sur toile comme sur papier, la composition, la plupart du temps réduite à une palette en noir et blanc, s’organise dès l’abord comme une série de variantes. En commentant ce principe sériel, l’artiste décrivait son parcours comme « sans progression ni régression » et déclarait volontiers qu’il « avait sans doute déjà réalisé sa dernière œuvre et pas encore ses premières »…
A un examen plus attentif, les méandres suivent un rythme qui résulte de la disposition de séquences verticales. Les œuvres, parfois des diptyques ou des polyptyques, s’appellent les unes les autres, dans un schéma d’organisation collective. Elles invitent également à une expérience de la temporalité, tant le regard parcourt le chemin que dessinent les formes.
Le MAMCO possède plusieurs œuvres de l’artiste, offerte par sa succession, qui y a aussi déposé un ensemble important de dessins et de tableaux.
- Exposition organisée par Lionel Bovier et Sophie Costes