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Paillettes et Dépendances ou la fascination du néant

La totalité des surfaces d’exposition du musée étaient investies jusqu’à saturation par l’œuvre de Sylvie Fleury (1961, Genève). Devenus une signature pour l’artiste, ses Shopping Bags se partageaient la vedette avec des champignons aux couleurs irisées, des forêts pétrifiées 
de stalactites qui plongeaient l’exposition dans un univers chtonien originel, lieu d’aveuglement, d’expériences mystiques et solitaires, matrice aussi de la renaissance de soi. Aux côtés du glamour des débuts se dessinaient donc des mondes parallèles et des itinéraires thérapeutiques. A tous les étages, Mondrian, Fontana, César, Buren, Vasarely, Carl Andre étaient recyclés, « customisés », ici avec de la fausse fourrure, là avec du vernis à ongles. D’un étage à l’autre on passait de bolides écrasés par les She Devils on Wheels à des fusées aux couleurs de mascaras, de peintures murales aux effets optiques à des jouets pour chiens agrandis, monstres affables et bienveillants assoupis dans la touffeur d’émanations hallucinogènes. Brouillage d’idées, brouillages esthétiques étaient à l’œuvre par l’entremise d’une stratégie d’exposition issue des années 1980 où mode, publicité, design et art s’interpénètrent. Comme dans un grand magasin, l’escalier était un centre névralgique. A l’entropie des salles d’exposition répondaient la sobriété et 
la rigueur d’immenses pendules de métal, faisant de chaque palier un lieu de recentrage de la pensée. Dans la pâle lueur bleu glacier des néons, le temps était suspendu et le musée retrouvait, au bout de ces chaînes d’arpenteur, sa vocation d’usine ; usine à rêves, à désirs, rêves de paillettes et de néant.
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