L’exposition de Fabrice Gygi (1965, Genève) se présentait comme une seule grande installation, articulant des œuvres anciennes aussi bien que des réalisations inédites. L’ensemble se développait sur tout le premier étage du musée, décloisonné pour la circonstance – la « halle aux machines » retrouvant ainsi ses dimensions industrielles d’autrefois. Le travail de Gygi se déploie surtout en trois dimensions, même si l’artiste réalise aussi des performances et a longtemps exploré les techniques de gravure. Son œuvre se caractérise par une recherche de l’épure formelle qui en rend la perception particulièrement efficace. Le vocabulaire sculptural puise dans les volumes simples qui constituent l’arrière-­plan de notre espace public moderne et qui sont autant de signes plus ou moins ostensibles d’une mise en ordre du commun : pylônes, bâches, sangles, casiers… Des formes élémentaires soumises à certaines variations par l’artiste (agrandissement, hybridation, détournement) pour en révéler la violence latente, pour dévoiler la troublante familiarité entre les outils de répression et de résistance, de coercition et de protection, de spectacle ou de repli.