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Figure centrale de l’avant-garde hongroise, Endre Tót (*1937) poursuit depuis les années 1960 une œuvre à la croisée de l’art conceptuel, du Mail Art et de la performance. Après avoir suivi une formation classique au sein de l’Académie des beaux-arts de Budapest, Tót se consacre d’abord à la peinture. Conscient des possibilités réduites qu’offre ce médium dans un contexte soumis à une censure omniprésente, il l’abandonne en 1970 et commence alors à travailler avec une machine à écrire. Invité à participer à une exposition sur le Mail Art organisée par Jean-Marc Poinsot pour la biennale de Paris en 1971, Tòt va accéder à un réseau international d’échanges artistiques. Jusque-là isolé dans une Hongrie aux ordres de Moscou, il accède tout à coup au monde dans sa globalité, à la faveur d'une pratique simple, rapide et en mesure d’échapper à la censure. C’est ainsi qu’il rentre en contact avec Ecart et qu’il initie une importante correspondance avec John Armleder. 

Il entame une série de travaux qu’il intitule Nothingness (Néant). Il emploie le caractère « 0 », (zéro) de manière répétitive dans une série de compositions à la machine à écrire envoyées à ses différents interlocuteurs. Alors que le Mail Art vise à l’échange d’idée, ces pièces « anti-communicatives », comme les décrit l’artiste, sont marquées par le non-sens. Le critique d’art Pierre Restany envisage ainsi cette série comme « un monochrome postal », faisant de Tót « le Yves Klein du Mail Art ». Ce signe migrera ensuite sur des tampons ou des timbres, parodiant le langage de l’administration. Cette revendication du néant va également se déployer dans une série de pancartes et banderoles qui seront brandies par des manifestants lors de joyeuses démonstrations. C’est que, parallèlement à cette série et en opposition à ce vide et cette absence de message, Tót fait également circuler des autoportraits de lui en artiste rieur, moquant l’optimisme à toute épreuve qui caractérise les représentations socialistes. A force de répétition, son enthousiasme devient de moins en moins crédible.

Tót intervient une première fois à Ecart en 1974. Il y présente one dozen rain pOstCarDs, une autre série de travaux à la machine à écrire initiée en 1971. La répétition du « / » (slash) sur les cartes postales plonge les vues de Budapest sous la pluie. A l’occasion de cette exposition, Ecart édite la correspondance entre Tót et Armleder afin de reproduire « un parcours significatif » et d’introduire « le travail de Tót dans l’esprit dans lequel il le conçoit ». 

L’artiste hongrois revient à Genève en 1976 avec l’exposition TÓTalJOYS. A cette occasion il réalise, avec Armlder, Dougal et Lucchini, une série de manifestations dans la rue. Tôt y manifeste en brandissant une série de pancartes aux messages tautologiques. Un grand zéro tracé à la chaux sur la devanture de l’espace d’exposition introduit aux photographies documentant ses actions présentées dans la galerie. 

  • L’exposition, organisée par Paul Bernard et Julien Fronsacq, est construite à partir des œuvres et des documents figurant dans les Archives Ecart déposées au MAMCO depuis 2016
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