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L’artiste américain Wade Guyton présentait une trentaine d’œuvres inédites dans les espaces réaménagés du 1er étage du MAMCO. Né en 1972 à Hammond, Indiana, Wade Guyton, qui vit et travaille à New York, est l’un des représentants les plus importants d’une génération d’artistes qui pense et produit des images à l’ère du numérique.

Si certaines de ses œuvres renvoient à la structure et au langage de la peinture, au sens traditionnel du terme, elles en modifient néanmoins radicalement les codes et les modes de production. Les tableaux de Wade Guyton sont en effet réalisés à l’aide de grandes imprimantes jet d’encre dans lesquelles il fait passer plusieurs fois la toile, un processus dont les erreurs et défauts font partie du programme général de composition et en assurent l’unicité. « Les premiers travaux que j’ai réalisés sur ordinateur, c’était comme de l’écriture, le clavier remplaçant le stylo. Au lieu de dessiner un ‘X’, j’ai décidé d’appuyer sur une touche. » Répétés dans plusieurs formats, les signes générés par ordinateur qu’il utilise, que ce soit des « X », des « U » ou encore l’image d’une flamme, font désormais partie des icônes de l’art de ces dernières décennies.

Wade Guyton produit également des sculptures, des dessins et des installations, mais il a choisi pour ce projet de se restreindre au format « peinture ». Car, il aborde ici, avec cet ensemble de pièces conçues entre 2015 et 2016, un nouveau chapitre de sa démarche. L’image centrale de l’exposition, déclinée sous divers formats, est une photographie que l’artiste a réalisée dans son atelier : au premier plan, se dresse l’une de ses sculptures, l’armature tubulaire d’une chaise de Marcel Breuer modifiée et posée à même le sol ; à l’arrière-plan, on aperçoit la partie droite d’une des peintures de la série des « Black Paintings », ainsi que le mur sur lequel l’œuvre est adossée. « Pour comprendre mon travail autrement, j’ai commencé à le photographier dans l’atelier et à produire des peintures à partir de ces images. C’est parfaitement logique d’utiliser une image photographique avec les outils dont je me sers. Mes imprimantes ont été conçues pour remplacer la photographie qu’on développait en chambre noire… une sorte d’opération commerciale hostile déguisée en progrès technologique et en amélioration de l’image. »

D’autres images représentant le sol de son atelier new yorkais ainsi que différents zooms dans des fichiers « bitmap » complètaient l’ensemble. L’irruption d’éléments issus du réel et la dimension biographique qu’ils prennent dans le contexte de l’atelier bouleversent l’iconographie à laquelle l’artiste nous avait habitués et ouvrent de nouvelles perspectives. A travers la mise en abyme de son propre travail, Wade Guyton interroge l’ensemble de la chaîne de production et de représentation de l’art — confronté à son inéluctable devenir-image.

  • Exposition organisée par Nicolas Trembley, en collaboration avec le Consortium de Dijon
  • L'exposition a bénéficié du soutien de Phillips
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