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Cette exposition présentait le travail du poète, graphiste et éditeur suisse, Eugen Gomringer (*1925, Bolivie) sous un angle particulier. Souvent considéré comme le « père de la poésie concrète » – qu’il positionne à la croisée de la littérature, de l’art et du design –, Gomringer a été une figure centrale de la scène de l’art et du design dans la Suisse d’après-guerre et les résonances de son travail continuent à se faire entendre aujourd’hui. Si son travail est moins connu dans les pays francophones qu’ailleurs, il n’en reste pas moins l’un des représentants les plus importants du mouvement international de la poésie concrète, qui explore, depuis le début des années 1950, les qualités verbales, vocales et visuelles des lettres, des mots et du langage en général. Inspiré par ces principes, les poèmes de Gomringer créent leur propre réalité plutôt que de commenter le réel. 

L’approche poétique de Gomringer doit beaucoup à sa rencontre avec la scène zurichoise de l’art concret, qui inclut les artistes Richard Paul Lohse, Karl Gerstner, Verena Loewensberg et, évidemment, Max Bill. Il devient, avec Dieter Roth et Marcel Wyss, co-éditeur du magazine Spirale en 1953. Cette collaboration marque le début d’une forme de poésie qu’il nomme « constellation », en référence au poème de Stéphane Mallarmé de 1897, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard. Entre 1954 et 1957, Gomringer est le secrétaire de Max Bill à l’école d’art et de design d’Ulm et il rencontre notamment l’écrivain et philosophe Max Bense, ainsi que le groupe brésilien Noigandres. Entre 1960 et 1964, il réalise 11 numéros de la série konkrete poesie / poesia concreta qu’il auto-édite : chaque publication, d’un format modeste, se concentre sur le travail d’un poète concret différent.

Les œuvres réunies dans cette exposition attestaient le positionnement de Gomringer entre design, poésie et publicité. Défenseur de l’interdisciplinarité tout au long de sa carrière, il a en effet activement collaboré tant avec des artistes que des graphistes, à l’instar de Max Bill, Karl Gerstner, Anton Stankowski et, de façon régulière, l’agence zurichoise de design E+U Hiestand. Des années 1960 aux années 1990, le poète travaille ainsi comme « copywriter » et directeur artistique pour des marques suisses et allemandes telles que SIA Abrasives, les chapeaux Fürst, le céramiste Rosenthal et l’iconique grand magasin ABM, pour lequel il développe des concepts de relations publiques, des slogans publicitaires et des stratégies de communication. Souvent sans recourir à l’image, son langage publicitaire exalte les formes et les sons des mots – en héritage direct de ses explorations poétiques.

  • L’exposition a été conçue par Simon Mager, qui a mené le projet de recherche « Words Form Language – Typography Forms Meaning » initié et soutenu par l’ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne (HES-SO) et par la DNP Foundation for Cultural Promotion (Graphic Culture Research Grant), Tokyo, Japon.
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