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Lettrisme, Internationale Lettriste, Deuxième Internationale Lettriste, Mouvement pour un Bauhaus Imaginiste, Laboratoire expérimental d’Alba, Comité psychogéographique de Londres, Internationale Situationniste, Situationnist Times, SPUR

Emprunté à un livre de Gustav René Hocke sur le maniérisme européen, Die Welt als Labyrinth (« Le monde comme labyrinthe ») est le titre choisi par les Situationnistes pour un projet au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1960. Davantage qu’une exposition, il devait s’agir d’une « manifestation générale » transformant des salles du musée en labyrinthe, tandis qu’une série de dérives prenaient place dans la ville. Guy Debord, auteur en 1956 déjà d’un « projet pour un labyrinthe éducatif », s’en ouvrait ainsi à Constant : « Nous devons mélanger intimement des zones d’ambiance évoquant la ville et des zones d’ambiance évoquant l’intérieur d’une maison. […] Je considère ce mélange intérieur-extérieur comme le point le plus avancé de notre construction expérimentale. »

La manifestation hollandaise ne verra jamais le jour, l’IS (Internationale Situationniste) refusant toute forme de compromis proposé par le directeur du musée, Willem Sandberg. Cet échec est caractéristique des critiques radicales adressées à l’art comme champ social constitué, régulé par des institutions et déterminé par l’économie marchande : de l’école à la galerie, en passant par l’UNESCO (dont l’IS projette de s’emparer) et le musée, le combat se mène sur tous les fronts de la culture. A partir des années 1960, le mouvement multiplie les exclusions d’artistes jusqu’à proclamer, dans une « résolution », que toute œuvre d’art produite par des Situationnistes était « anti-Situationniste ».

En se référant explicitement au projet hollandais, l’exposition du MAMCO pointe d’emblée le paradoxe que soulève toute présentation muséale de ces dernières avant-gardes du 20e siècle : comment exposer dans un musée celles et ceux qui se sont systématiquement opposés à l’institution culturelle ?

Die Welt als Labyrinth, dans sa version genevoise, privilégie ainsi un parcours à travers quelques épisodes de cette histoire, plutôt que l’approche généalogique de mouvements aux ramifications multiples qui prévaut souvent. Dès son titre, l’exposition insiste aussi sur le motif du labyrinthe qui essaime les productions de l’époque : à la fois circuit conditionné et lieu de rencontres, le labyrinthe s’entrevoit comme l’une des métaphores privilégiées de la dérive, cette expérience « psycho-géographique » du territoire urbain, qui demeure la pratique la plus associée aux Situationnistes. Enfin, dans cette nébuleuse, le MAMCO a voulu s’attacher particulièrement à quelques figures qui n’auront pas voulu renoncer à l’art : ainsi les démarches de Giuseppe Pinot-Gallizio, Ralph Rumney, Asger Jorn, Gil Wolman et Jacqueline de Jong (tous évincés de l’IS, à l’exception de Jorn qui démissionna lui-même), trouvent ici une place particulière.

  • Exposition organisée par un comité curatorial comprenant John Armleder, Gérard Berreby, Paul Bernard, Lionel Bovier, Alexandra Catana Tucknott, Julien Fronsacq et Mai-Thu Perret
  • L’exposition a bénéficié du soutien de la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature
LE MAMCO TIENT À REMERCIER SES PARTENAIRES
FONDATION MAMCOÉtat de GenèveVille de GenèveJTIFondation LeenaardsFondation genevoise de bienfaisance Valeria Rossi di Montelera
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