Si Eins. Un. One…, 1984 est une pièce emblématique de la collection du MAMCO, c’est également la dernière grande œuvre de Robert Filliou (France, 1926-1987). Il s’agit de 5'000 dés bleus, rouges, jaunes, noirs, blancs et couleur bois, de différentes tailles, avec un seul point sur chaque face et qui sont répartis aléatoirement sur une surface de neuf mètres de diamètre. Ce mandala imposant et ludique semble à l’opposé des petits bricolages poétiques et précaires que l’artiste affectionnait et qui nous viennent immédiatement à l’esprit lorsque l’on évoque son nom.
Ce nouveau volume sur la collection du MAMCO contient un texte introductif de Michel Collet permettant de rendre compte de la puissance conceptuelle du travail de Filliou alors que l’analyse menée par Sophie Costes parcoure attentivement toutes les œuvres de l’artiste présentes dans les collections du musée – depuis Poï-Poï, son premier catalogue d’exposition fait à la main en 1961 et dont chaque exemplaire est unique jusqu’à Eins. Un. One… dans toute sa multitude. Son analyse nous démontre que Robert Filliou s’est toujours appuyé sur le jeu, l’action, la philosophie ou le langage pour interroger les fondements de la création artistique avec humour et bienveillance.
Cet ouvrage nous rappelle que Robert Filliou, qui aimait se considérer comme un « génie sans talent » a côtoyé Joseph Beuys, George Brecht, John Cage, Dick Higgins, Allan Kaprow ou Daniel Spoerri et même le Dalaï-Lama, tout en restant une figure discrète qui souhaitait abolir les hiérarchies établies par l’histoire de l’art.