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Cette exposition était la première rétrospective consacrée à Seob Kim, un artiste qui occupe, depuis près de vingt ans, une position singulière dans l'écosystème de l’art genevois. Programmateur d’espaces d’expositions, metteur en scène de pièces de théâtre, de concerts et de spectacles de danse, écrivain, cinéaste et sculpteur, Seob Kim est aussi l’auteur d’une importante production graphique, moteur de l’aspiration collaborative et collective de l'œuvre et à partir de laquelle cette exposition s’articule.

La série « People », initiée en 2016, fait ainsi office « d’agora » : chaque dessin est associé au nom d’une personne que Seob Kim fréquente (artistes, étudiants, amis proches ou lointains, ainsi que nombre de leurs enfants). Réalisés rapidement, certains de ces dessins mettent en avant des signes distinctifs de la personne représentée (une œuvre emblématique de tel ou telle artiste par exemple), alors que d'autres se nourrissent d'anecdotes privées que seuls Seob Kim et son modèle connaissent. Le sens que l’on peut tirer de ces rébus est transitoire et ces œuvres font de leurs sujets des objets de conversation. Elles ne sont donc pas tant des portraits que des espaces de projections publiques. Cette dimension relationnelle est renforcée par un protocole qui interdit à l’acheteur d'acquérir le dessin qui porte son nom. Si ce dispositif peut d’abord apparaître ludique, il n’en révèle pas moins une dimension traumatique de la relation à l’autre, en nous rappelant que notre compréhension des personnes auxquelles nous faisons face quotidiennement n’est qu’un assemblage instable de morceaux du monde que nous tissons de manière arbitraire et aléatoire. Et, en contrepartie, il souligne aussi l’instabilité avec laquelle nous pouvons, à l’aide de ces mêmes « morceaux », composer notre propre identité. 

D’autres « algorithmes » que ceux générés par le monde de la culture nourrissent les structures interprétatives des dessins. Ainsi en est-il de l’astrologie, un système de croyance aussi populaire qu’érudit, auquel personne (officiellement) ne croit, mais auquel nombre d’entre nous continue de se référer. Ainsi en est-il aussi de représentations hallucinées de villes asiatiques ou de paysages ruraux d’Amérique, nourris par l’histoire du cinéma, de la photographie et de l’art californien d’après-guerre, et dont les câbles de réseaux électriques hors sol semblent faire grésiller de vieux néons dont la profession de foi, énoncée originellement par Bruce Nauman, proclame que « le véritable artiste aide le monde en révélant des vérités mystiques ».

  • Organisée par Fabrice Stroun
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