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The Never Ending Book. Part One: The Old Poems (For My Mother), 2007

Figure incontournable de l’art conceptuel californien, Allen Ruppersberg (né en 1944 à Cleveland) poursuit depuis la fin des années 1960 une démarche atypique qui ne privilégie aucun médium en particulier. Ainsi, le corpus de ses œuvres, que l’artiste qualifie de « scènes », comporte installations, performances, multiples, peintures, sculptures, dessins, livres, photographies, vidéos, mais aussi, dès 1969, un bar puis un hôtel, préfigurant ainsi en partie l’esthétique relationnelle qui émerge au début des années 1990.

Cette hétérogénéité laisse entrevoir une méthode de travail articulée autour de trois opérations principales : la collection de formes culturelles populaires et « déclassées » (parmi lesquelles cartes postales, calendriers, livres, bandes dessinées, films éducatifs, disques, etc.) ; l’appropriation de ces formes et leur déplacement dans le registre de l’art ; enfin, d’une œuvre à l’autre, un recyclage partiel et fragmentaire, sur le mode d’un work in progress permanent. Il en résulte une série de jeux combinatoires de textes et d’images où fragments narratifs, intertextualité et réminiscence dressent un panorama des différents mythes qui façonnent une culture. Ruppersberg insiste sur la manière dont les individus intériorisent ces récits ou, pour le dire avec ses propres mots : « Nous sommes tous, en tant qu’êtres sociaux, des collections. »

L’installation The Never Ending Book. Part One: The Old Poems (For My Mother) est exemplaire de sa démarche. Au mur et sur un mobilier de théâtre, des pages extraites de sa collection sont reproduites et disposées aléatoirement. Cette collection, réunie dans différentes boîtes, est pour partie proposée au public, qui peut, à son tour, former son propre poème. L’œuvre explicite ainsi ce rapport ambigu entre l’intime et le public à travers un livre littéralement infini. Comme l’écrit Allan McCollum dans un texte qu’il consacre à Ruppersberg : « Il y a quelque chose de paradoxal dans notre rapport aux livres : ils sont rendus public, mais lus et écrits en privé. » Cette composante autobiographique est une constante dans l’œuvre de Ruppersberg ; dans les pages qui composent The Never Ending Book, le lecteur attentif trouvera en creux le portrait d’une femme. Selon Ruppersberg, « il faut toujours rechercher une narration, quelle qu’elle soit : anti-narration, non-narration, para-narration, post-narration, mauvaise narration. »

  • Exposition organisée par Paul Bernard
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